Falling Star - ♀ - Soldats

C'était un petit éclat d'ébène qui illuminait la nuit. Elle perçait l'obscurité avec toute l'étincelle de sa joie. C'était une petit étoile filante, tombée ici bas, tombée dans une sombre, si sombre nuit. Et sa robe de jais se confondait avec les noires ombres des ténèbres, et se nimbait de mille reflets aux allures bleutées. Qui aurait-pu se douter de la marque ''US'', presque invisible, sur son épaule droite ? L'on ne distinguait d'elle que le bas de ses membres, ces marques immaculées qui s'apparentaient à de petites balzanes herminées. On l'aurait crue éclaboussée de poussière d'étoile. Où donc avait-elle galopé, pour se couvrir ainsi de ces éclats de neige tachetés blanc sur noir et noir sur blanc ? Ils avaient glissé jusqu'à ses sabots crème. On ne voyait d'elle que cela, et les quelques minuscules taches, éparses, sur sa robe nocturne. Quelques toutes petites taches, pas plus d'une dizaine, qui ici et là rappelaient à son souvenir – oh, quel doucereux souvenir ! – son ascendance paternelle. Et l'on ne voyait d'elle que cela. Et la lueur de joie de ses grands iris couleur d'azur. Et la petite étoile qu'elle arborait sur son front, pourchassée dans sa fuite vers les cieux par une fine liste interrompue en son milieu. Cette petite étoile qui lui avait valu, plus que toute autre chose, son si doux nom. Et elle n'était qu'une silhouette filante à travers les plaines nimbées de l'obscurité de la nuit. Et elle n'était que l'incarnation charnelle des pâles astres qui illuminaient sa robe.

Elle aurait aimé pouvoir tout réécrire. Elle aurait aimé ne jamais changer. Rester la pouliche qu'elle avait été. Oh, comme elle était heureuse, en ce temps ! Galopant dans d'immenses et verdoyantes prairies aux senteurs sauvages, pourchassée par le tonnerre des sabots de son si tendre frère, sentant sur elle le regard de tous ceux qu'elle aimait. Comme elle aurait aimé, dans sa candide innocence, prendre la vie au jour le jour et ne songeait qu'à un avenir fait d'amour et de joie. Oh, oui ! Comme elle était heureuse en ce temps-là !
Tout a basculé. Dans les cris, dans l'effroi. Dans l'absence.
Sa petite famille, ce pilier de son univers, a été déchirée. Et son univers s'est effondré au-dessus de ses trop frêles épaules. Grandir, grandir. Il lui aura fallu grandir. Peut-être trop vite. Peut-être lui a-t-on trop volé son enfance. Est-ce pour cela, qu'elle dissimule ses craintes derrière une gaieté trop fausse ? Est-ce pour cela qu'elle entend encore les autres marmonner qu'elle se comporte sans cesse en pouliche ? Qu'elle devra un jour apprendre que ses beaux yeux bleus ne lui octroieront pas éternellement ses désirs et ses caprices ?

Falling Star voudrait oublier. Seulement oublier. Elle n'a plus la force de porter tout cela, elle s'appuie sur son frère comme s'il était la dernière chose tangible de son monde. Elle a besoin de lui, pour se protéger de cette vie si terrifiante. Elle a besoin de lui, pour maintenir cette illusion. Alors pourquoi est-elle impossible de lui avouer ? Pourquoi, après toutes les confidences qu'elle lui a fait, toute la confiance qu'elle place en lui, ne peut-elle pas simplement le dire, simplement pleurer… Qu'elle a joué une fois de trop.

Le ventre noué. La crainte implacable, l'angoisse qui noie chaque pensée. La file ininterrompue qui traversait les grandes portes du Fort, l'odeur du sang, de la mort qui flottait au-dessus d'eux. Même les portes battantes avaient cessé de claquer. Maman ? Papa ?!  Les guerriers étaient de retour. Mais bien trop ne le seraient jamais. Je suis désolé, Falling Star… Ils ne reviendront plus…

L'absence est de ce genre de plaies qui ne cicatrisent jamais. Elle se rouvre à chaque instant, à chaque battement de cœur, à chaque frivole espoir. Ah, l'espoir… Quelle cruelle chose. Mais elle ne pouvait s'en défaire. Elle dissimulait ses lambeaux derrière des sourires qui la faisaient paraître entière, en espérant, encore et toujours. Qu'à force de se mentir, cela deviendrait la réalité. Qu'à force d'y croire, ils reviendraient… Que tout reviendrait.
Et elle tenta de recoller ses lambeaux, lentement, maladroitement, avec un peu de l'amour de son frère. Avec sa présence charnelle, tangible, réelle. La seule qu'il lui demeurait. Jusqu'à ce qu'elle se laisse faiblir. Que sa naïveté lui fassent croire qu'Il serait là pour elle. Qu'Il l'aimait. Il était venu dans sa vie, comme une lueur au fond de l'obscurité, et, inévitablement, elle s'était laissée attirer comme un papillon vers une flamme. Elle se laissa bercer par ses douces paroles. Elle ne pouvait supporter encore la solitude et l'absence que son frère seul ne parvenait à combler. Elle ferma les yeux. Et le sort brisa son cœur, ses lambeaux et ses rêves à l'instant où il brisa son hymen.

○ Personnages liés (s'il y a, préciser la nature du lien) : Anoki (père) ; Tiny, Ozalee (demi-frère/soeur)

○ Soumis à rp-test : non

○ Autre : vous pourrez trouver d'autres informations sur son histoire dans la présentation de Tiny x)

PS : Elle est pleine, à vous de décider ce qu'il adviendra par la suite :3 Concernant le père, par soucis de crédibilité il n'appartient pas aux soldats, libre à vous pour le reste.